Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

mardi 28 mars 2023

H Le cahier de doléances de Segonzac

Le cahier de doléances de Segonzac :

 

Originaux déposés aux archives départementales de la Charente à Angoulême.

 

Avertissement :

Cette transcription est incomplète et peut comporter des erreurs.

L’orthographe originelle est dans l’ensemble respectée (exemple : hobéir, Versaille)

Les mots dont la transcription n’est pas certaine sont en italique (exemple : vaqué)

Les mots illisibles sont représentés par l’inscription suivante : - ? -

 

 

 

 

Procès verbal de l’Assemblée de la paroisse de Segonzac convoquée le 8 mars 1789 

 

 

Cahier de Doléances de la paroisse de Segonzac                     en date du 8 mars 1789

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Procès verbal de l’Assemblée de la paroisse de Segonzac

Convoquée le 8 mars 1789

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui huit mars mil sept cent quatre vingt neuf - ?- Etat de la paroisse de Segonzac en

 

 

angoumois - ?- en l’assemblée convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée sont

 

 

comparus au lieu ordinaire des assemblées de cette paroisse par devant nous Jean de Jarnac

 

 

notaire royal juge sénéchal des justices de la Nérolle et des Courades dépendantes de cette

 

 

paroisse et habitant d’icelle ayant avec nous Bertrand Dumon notre greffier aux dites justices,

 

 

 

(s’en suit une série de noms)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Première page

(Une série de noms) et plusieurs autres tous nés français agés de vingt cinq ans compris dans

 

 

 

les - ? – des impositions, habitants de cette paroisse, composée de Six Cent huit feux lesquels

 

 

 

pour hobéir aux ordres de sa Majesté portées par ses lettres données à Versaille le 24 janvier

 

 

 

1789 pour la convocation et tenue des Etats généraux du royaume et satisfaire aux

 

 

 

dispositions du règlement y anexé ainsi qu’à l’ordonnance de Monsieur le Sénéchal dont ils

 

 

 

nous ont déclaré avoir une parfaite connaissance tant par la lecture qui vient de leur en être

 

 

 

faite que par la lecture et publication faite ce jourd’hui au - ? – de la messe de la paroisse par

 

 

 

Mr le Vicaire et par la lecture et publication et affiche pareillement faite aujourd’hui à l’yssue

 

 

 

de la dite messe de la paroisse au devant de la porte principale de l’Eglise nous ont déclaré

 

 

 

qu’ils allaient d’abord s’occuper de la Rédaction de leur cahier de doléances, plaintes et

 

 

 

remontrances et en effet y ayant vaqué ils nous 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seconde page

ont représenté le dit cahier qui a été signé par ceux des dits habitants qui savait signés et par

 

nous après l’avoir cotté, paraphé par première et dernière page et paraphé - ? – au bas d’iccel

 

et de suite des dits habitants après avoir murement délibéré sur le choix des députés qu’ils

 

sont tenus de nommer en conformité des dites lettres du roi et règlement y anexé et les - ? –

 

ayant été par nous - ? – en la manière accoutumée, la pluralité des sufrages s’est réunis en

 

faveur de nous Jean Dejarnac notaire & juge susdit et des suivants pierre jean Texier,

 

bourgeois, Pierre Frouin, Jean Bilhouet La veuve pierre Seguin Maréchal , Pierre Angellin et

 

Pierre Barraud Marchand qui ont accepté la dite commission ainsi que nous et promis de s’en

 

acquitter fidellement. La dite nomination des députés ainsi faite, les dits habitants nous ont

 

remis et aux dits suivants  Texier, Frouin, Bilhouet, Seguin, angellin et Barraud leurs députés

 

le cahier afin de le porter à l’assemblée qui se tiendra le onze du mois devant Monsieur le

 

lieutenant général de l’angoumois et leurs ont donné tous pouvoirs requis et necessaires à

 

l’effet de les représenter en la dite assemblée pour toutes les opérations prescrites par

 

l’ordonnance susdite de Monsieur le Sénéchal d’angoumois ; comme aussi de donner

 

pouvoirs généraux & sufisants, de proposer, remonter, aviser, et consentir toute, tout ce qui

 

peut conserver les besoins de l’Etat, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et

 

durable dans toutes les parties de l’administration de la prospérité générale du Royaume et le

 

bien de tous et du - ? – des sujets de sa Majesté - ? – les dits députés se sont présentement

 

chargés du cahier de doléance de la dite paroisse de Segonzac et ont promis de porter à la dite

 

assemblée - ? – conforme à tout ce qui est prescrit & ordonné par les dites lettres du roi,

 

règlement y anexé et ordonnances dattées , desquelles nominations des députés, remise du

 

cahier, pouvoirs & déclarations nous avons à toutes les susdites composantes donné

 

 

 

 

 

 

Troisième page

- ? - et avons signé avec ceux des dits habitants qui savaient signer  et avec nos dits

 

 

 

co-députés notre présent procès-verbal ainssi que le Duplicata qui nous a été remis et à nos

 

 

 

dits co-députés pour constater nos pouvoirs - ? – signés bons

 

 

 

 

(s’en suit une série de signatures)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quatrième page

(une série de signatures)

 

 

 

 

                                                                             Dejarnac notaire royal et sénéchal des justices

                                                                             de la Nérolle et des Courades

 

                                                                             Dumon greffier des justices de la Nérolle

                                                                             et des Courades

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cinquième et dernière page

Cahier de Doléances de la paroisse de Segonzac                     en date du 8 mars 1789

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                            Première Page

 

 

Cahier des Plaintes et Doléances de la Paroisse de Segonzac en Angoumois, élection de

 

Cognac, généralité de La Rochelle, dressé par les habitants du Tiers-Etat de la dite paroisse

 

pour être posté par leurs députés à l’assemblée qui se tiendra à Angoulême au sujet des Etats

 

Généraux le quinze de ce mois, le tout suivant et conformément aux lettres de convocation de

 

sa majesté et à l‘ordonnance de Monsieur le sénéchal d’Angoumois.

 

 

Dans le régime actuel, les impôts sont mal répartis et les frais de perception de la plupart

 

des impôts sont immenses. Il en résulte que l’Etat est gêné et que les peuples sont

 

accablés.

 

La taille ne frappe que sur les malheureux cultivateurs des campagnes ; le clergé, la noblesse,

 

une foule de privilégiés et les habitants des villes abonnés en sont exempts. Les particuliers

 

même du Tiers Etat les plus aisés qui n’ont pu se procurer de privilèges obtiennent des taxes

 

d’offices et les autres citoyens sont écrasés. Dans cette paroisse par exemple, tout le sol n’est

 

pas fertile, et qui n’a ni prés, ni bois, la neuvième partie au moins de son produit annuel va à

 

différents seigneurs, la douzième à la dîme pour les vins et la quinzième pour les blés et

 

autres fruits. Et quoique la quatrième partie des fours soit passée depuis vingt ans à des

 

propriétaires privilégiés, elle a néanmoins continué à payer la même somme qu’elle aurait

 

supporté si ces fours retranchés en eussent fait partie. Elle a en outre ressentit les

 

effets de plusieurs de ces taxes d’office. Rien n’est donc plus renégat et plus injuste que ces

 

impôts, on doit donc en solliciter la suppression.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                 Seconde page

 

 

2     Le dixième est dispendieux à l’Etat, l’Etat soudoie chèrement les contrôleurs et les

 

vérificateurs de cet impôt et cet impôt qui semblerait pouvoir être justement réparti ne l’est

 

pas. Un seul homme, le - ? - va de paroisse en paroisse, il se choisit en chaumes de ces

 

paroisses un azille pour travailler à ses opérations et c’est toujours chez l’habitant le plus

 

riche ; Il y est fêté. La maison où il fait sa résidence et tout ce qui tient cette maison éprouve

 

des adoucissements considérables et comme il faut que le but du vérificateur soit rempli, les

 

pauvres et ceux qui méprisent la voix de la sollicitation sont surchargés. D’ailleurs plusieurs

 

paroisses ont été vérifiées telles que celle-ci et ont éprouvé une augmentation de plus de

 

moitié, d’autres ne l’ont pas été et ne paient que la moitié de ce qu’elles paieraient si elles

 

eussent subi le même sort. Il y a donc trop d’abus et une inégalité trop sensible dans cet impôt

 

pour qu’il puisse subsister.

 

3          Les finances qui proviennent de la taille et du dixième sont versées par les collecteurs

 

dans les mains des receveurs des tailles et de là en d’autres mains avant d’arriver dans les

 

coffres du roi. Ces différents receveurs coûtent immensément à la Nation, et pour s’enrichir

 

plus vite ils commercent l’argent de leur recette, cet agiotage et la cupidité qui l’excite les

 

portent à tourmenter sans cesse les malheureux collecteurs. Les prisons en sont toujours

 

pleines, l’humanité en gémit et l’agriculture en souffre. Si la destruction de l’un et l’autre de

 

ces impôts n’entrainent pas la chute de ces receveurs, il faudrait la solliciter avec énergie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                              Troisième page

 

 

4          Les aides gennent le commerce et la liberté. Cet impôt qui coûte immensément à

 

l’Etat ne verse dans le trésor royal qu’une partie de son produit, il est sujet à des frais

 

incalculables, des milliers d’employés s’abreuvent de la sueur des peuples avant que le roi

 

recoive ce qui en reste. La suppression de cet impôt doit donc encore être demandée.

 

 

5          Il en est de même des droits sur le tabac, on a recours à l’étranger pour en avoir et on

 

lui porte notre argent, tandis que notre propre sol nous en produirait de meilleur et que

 

cette exploitation fournirait des ressources au commerce et à l’industrie nationale.

 

D’ailleurs dans le régime actuel, on occupe une foule d’hommes qui dévorent la

 

meilleure partie du produit.

 

 

6        Il est d’autres impôts également abusifs et sur lesquels nous aurions à faire les mêmes

 

reflections. En général, nous devons demander la suppression de tous ceux qui sont

 

onéreux aux peuples, qui gennent la liberté publique, qui offrent des injustices et qui sont

 

susceptibles de trop grands frais.

 

 

7        Nous trouvons dans le contrôle des actes et droits y anexés pareil inconvénient

 

d’occuper à ce recouvrement un grand nombre d’hommes à charge à l’Etat, mais cet

 

établissement tenant à la sureté publique il serait dangereux de le supprimer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                             Quatrième page

 

 

Ce qu’on sait raisonnablement désirer à cet égard c’est la diminution des gages des directeurs

 

et des commis et un tarif infiniment plus modéré qui soit clair précis et ou la proportion soit

 

parfaitement gardée entre les sommes, la qualité des personnes, la nature des actes et les droits

 

à percevoir. Le tarif actuel pèse uniquement sur les citoyens du tiers-état et surtout sur les plus

 

pauvres. Jusqu’à 10 000 H (soles) , on paie 50 H en principal, passé 10 000 H on ne paie plus que

 

vingt soles par chaque mille. Un archevêque, un prieur, un curé prennent possession d’un

 

bénéfice de cent milles écus, de cent milles francs, de cent pistoles de rentes, tout payeur

 

également 7 H sol. Et un malheureux vigneron, un gallocher, un tisserand qui se mettent en

 

possession d’une femme pour faire des agriculteurs ou des artisans utiles en payent le double,

 

ce n’est pas là que l’on trouve de la proportion. Le génie rapace des employés au

 

recouvrement de cet impôt à d’un autre côté donné tant d’extention à ce tarif qu’il est devenu

 

le principe d’une vexation atroce et journalière surtout vis-à-vis des habitants des campagnes

 

qui n’ont pas la force d’en repousser les effets. Ceux de cette paroisse en pourraient citer mille

 

exemples, un seul suffira, un acte récent passé entre journaliers et dont le prix est de six livres

 

a couté seize livres dix soles de contrôle et d’insinuation. Les mariages, les testaments, les

 

donnations des artisans des villes sont taxés à trois livres en principal aux pauvres habitants

 

des villages qui exercent la même profession.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                             Cinquième page

 

 

La crainte des droits, la terreur universelle qu’ont inspiré les commis sur leurs perceptions

 

injustes, forcent les citoyens pour ne pas donner prise à ces droits ruineux de soustraire de

 

leurs contrats les clauses qui leurs auraient été avantageuses pour en substituer d’autres qui

 

dans la suite leur sont funestes. Il est donc urgent à tout égard de mettre fin à cette tiranie qui

 

est devenue une véritable inquisition et de demander : 1° un tarif plus juste, plus modéré et

 

qui ne laisse entrevoir aucun équivoque sur la cotité des droits à percevoir dans tous les cas.

 

Et 2° que les commis qui se permettraient d’excéder ce tarif et d’exiger d’autres ou plus

 

grands droits que ceux qui y seront nommément déterminés puissent être poursuivis pour

 

crime de concussion, non devant l’intendant de la province mais devant les juges ordinaires et

 

qu’ils soient punis suivant la rigueur des ordonnances.

 

 

8        Jusqu’à présent les travaux publics, les Grandes Routes ont coûté des sommes

 

immenses au Tiers-Etat de cette province et on a presque fait aucun ouvrage, on ne sait quel

 

emploi a pu être fait de tant d’argent. Jusqu’ici le Tiers-Etat seul a fait les frais de cet impôt

 

comme si les grandes routes eussent été interdites aux deux autres ordres, et aux débouchés de

 

leurs denrées. C’est un double abus contre lequel le Tiers-Etat ne doit cesser de demander

 

justice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                 Sixième page

 

 

9     Comme si tout le régime actuel tendait au détriment de la nation ? nous sommes obligés

 

de suivre un chicanneur jusque dans la capitale du royaume, à 120 lieues de nos foyers, d’y

 

porter nos personnes et nos biens tandis qu’il serait possible d’y mettre obstacle en

 

n’admettant l’appellation au Parlement des sentences du baillage, quantant que l’appellant

 

produirait avec son acte d’appel une consultation de quatre avocats du siège délibéré sur le vu

 

des pièces qui estimerait les mal jugé.

 

 

10     L’abus qui résulte de la variété des lois , leur trop grande multiplicité, la forme à

 

instruire et juger. Les Procès dans tous les sièges nous fait d’ailleurs désirer des réformations

 

utiles qui sont dans le cœur des magistrats. Un seul code, simplifié, la procédure en diminue

 

les frais, permettre aux accusés d’avoir un défenseur et statuer que tous procès fussent jugés

 

dans un an préfix doit être le vœu de tous les ordres de l’Etat.

 

 

11     Nous ne dirons rien contre la vénalité des charges, leur remboursement serait coûteux

 

à l’Etat et c’est un bien que les charges de magistrature se payent chèrement, l’aisance et la

 

probité sont moins incompatibles que la probité et la misère, si ces charges de magistrature

 

étaient gratuites la brigue et la cabale les obtiendraient de préférence au mérite et nous

 

pourrions devenir la proie de juges corrompus ou faciles à corrompre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                               Septième page

 

 

12       Il a été créé depuis peu des huissiers priseurs dans chaque sénéchaussée. Ils ont seuls

 

Le droit de faire l’estimation aux inventaires et la vente des meubles qui sont inventoriés

 

ou exécutés dans toute l’étendue de la province. Cette institution qui n’est peut-être pas

 

nuisible dans la ville où ils font leur résidence est funeste au surplus de la province et à

 

cette paroisse en particulier, éloignée de six lieues de la capitale. Les frais de voyage, les

 

vacations et autres droits de ces huissiers priseurs excèdent souvent le prix des objets

 

qu‘ils estiment ou qu’ils vendent. Il ne doit y avoir qu’un cri universel pour demander leur

 

suppression, du moins à l’égard de la campagne.

 

 

13     Les justices seigneuriales sont un patrimoine appartenant aux seigneurs. Nous sommes

 

bien éloignés d’en demander la destruction parce que d’une part il serait injuste de dépouiller

 

les seigneurs de leur propriété et que de l’autre ces justices sont utiles au public. Les frais y

 

sont modiques et les parties ont l’agrément de voir décider leur procès sans se déplacer. Mais

 

le peu d’étendue de ces justices est un abus. Les habitants de cette paroisse par exemple sont

 

dans sept juridictions différentes et extrêmement coupées. Il serait avantageux que les plus

 

petites de ces justices ne fissent qu’une même juridiction, en conservant aux seigneurs chacun

 

à proportion de l’étendue de leur territoire le droit de nommer les officiers.

 

 

14     Il serait encore à désirer que les officiers de ces justices et les notaires royaux ne

 

pussent être reçu qu’après avoir acquis dans l’art de la procédure et dans la

 

connaissance des lois, les lumières qui peuvent les rendre utiles.

 

Il serait également essentiel de ne les admettre qu’après l’information la plus sévère sur leurs

 

vies et mœurs. Il importe à la société surtout dans l’état de notaire, d’avoir une probité

 

incorruptible.

 

 

                                                                                                                               Huitième page

 

 

15          Les sentences des juges seigneuriaux comme celle du baillage ne devraient encore

 

être attaquées d’appel que d’après une consultation signée au moins de deux des plus

 

anciens avocats du baillage voisin de celui ou l’appellation doit être portée, qui en

 

établirait le mal jugé sur le vu des pièces et qui serait signifié  avec l’acte d’appel à peine

 

de nullité de cet appel. On éviterait par ce moyen dans bien des affaires deux degrés de

 

juridiction et la ruine des téméraires plaideurs.

 

 

16          L’Etat étant gêné et les peuples surchargés d’impôts, on doit solliciter de la bonté du

 

roy toutes les économies et les bonifications possibles pour faire face aux besoins de l’Etat

 

et diminuer le fardeau des peuples.

 

L’entretien d’un trop grand nombre de maisons royales et de plusieurs officiers

     

      pentionnés pourraient être des objets de réforme.

     

      La vente de ces maisons et des domaines du roi, qui peut être ordonné par le roi et les     

 

      Etats généraux ainsi que les fiefs dépendants des abbayes et prieurés en communaux     

     

      offriraient de grandes ressources pour acquitter les dettes de l’Etat et le roi éprouverait    

 

      aucune diminution dans ses revenus, il en serait dédommagé par les lots et ventes aux

 

      mutations et les citoyens des trois ordres y trouveraient un avantage par la diminution des   

 

      impôts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                            Neufvième page

 

 

17     Le tiers des revenus de l’Etat est dans les mains des ecclésiastiques sans aucune

 

proportion avec les autres citoyens pas même - ? –

 

Plus d’un archevêque, d’un évêque, d’un prieur ont cent milles livres de rente, tandis

 

qu’un paysan n’a rien ou peu de choses avec une famille souvent nombreuse à faire subsister

 

et qu’un malheureux curé de campagne qui pourrait faire du bien dans sa paroisse n’a en

 

plusieurs endroits que 700 H(soles) .Ce serait sans doute un objet digne du cœur de notre

 

monarque, de l’applaudissement de la nation et du vœu des ecclésiastiques eux-mêmes de

 

réduire le haut-clergé à un revenu honnête qui les forcerait à la résidence, d’augmenter les

 

Congruistes et d’appliquer le surplus de ces richesses aux besoins de l’Etat & au soulagement

 

des peuples, en attendant qu’on y puisse appliquer les revenus de tous les ordres monastiques

 

et des prieurés dont la suppression serait à souhaiter sans aucune exception.

 

 

18     En ce moment une ressource se présente pour concourir à payer la dette publique, que le

 

roi prenne la première année du revenu de tous les Bénéfices qui viendront à vaquer et de

 

toutes les successions collatérales qui s’ouvriront jusqu’à ce que la dette nationale soit

 

entièrement acquittée. Les pouvoirs des bénéfices et les héritiers jouiront un an plus tard, mais

 

quoy ! n’auraient-il pas été obligés de supporter ce retard si leur prédécesseur ou leur parent

 

eu reçu un an de plus. Leur position sera encore heureuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                Dixième page

 

 

19          Nous envoyons annuellement à Rome des sommes immenses pour des dispenses de

 

parenté et autres bulles, et Rome ne nous envoie rien. Nous ne pouvons que solliciter de la

 

bonté du roi, la réformation d’un pareil abus et celle des fêtes.

 

 

20          Les tirages de la milice depuis vingt ans, l’achapt des milliciens, et les monopoles

 

qui se pratiquent à cette occasion lors des tirages ont coûté plusieurs millions au tiers état

 

et tous ces miliciens n’ont point fait de service. Le roy doit être supplié de n’en faire leurs

 

aucuns qu’ils ne soient nessésaires ; de faire contribuer la noblesse et le clergé à leurs

 

achapts puisque ce sera pour la déffense de la patrie commune. Et de donner les ordres les

 

plus précis pour que les subdélégués des intendants ne se mélent plus de cette oppération

 

qui de préférence doit être renvoyée aux Etats provinciaux.

 

 

21          Le roi veut le bonheur de son peuple. Il l’assemble autour de lui pour le consulter sur

 

les moyens de le rendre heureux. La noblesse, la haute magistrature, une partie du clergé

 

ont répondu au vœu du roi par les sacrifices qu’ils veulent faire de leurs privilèges

 

pécuniaires, ainsi à l’avenir chaque citoyen paiera les impôts à proportion de ses facultés.

 

Le clergé, la noblesse et le peuple contribueront de même aux frais des chemins, des

 

travaux et des besoins publics qui jusqu’à présent n’ont frappé que sur le peuple. Une

 

répartition arbitraire et injuste ne se fera plus sentir. Le peuple s’imposera lui-même par la

 

voix de ses représentants ou sollicitera à cet effet des états provinciaux.      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                Onzième page

 

 

22          Mais pour que le vœu du Tiers Etat soit rempli et qu’il y ait une balance juste entre

 

lui et les deux autres ordres, le Tiers Etat doit avoir autant de représentants que les deux

 

autres ordres réunis, et d’ailleurs il est absolument essentiel que l’on y vote par tête,

 

autrement l’égalité qui est présentée au Tiers Etat serait illusoire. Il serait toujours molesté

 

par les deux autres ordres. Nos représentants aux Etats Généraux ne doivent pas se

 

départir de ces principes, et que l’impôt soit porté par un même - ? –

 

 

23          La noblesse de cette province est beaucoup plus nombreuse que le clergé, il parait

 

donc juste que les représentants de la noblesse et les nôtres sollicitent dans la formation de

 

nos états provinciaux la même organisation qu’a sollicité et obtenu la province de

 

Dauphiné. C'est-à-dire que la noblesse y ait le double des représentants du clergé.

 

 

24          La province de Saintonge demande des états provinciaux, elle a invité le pays

 

d’Aunis et l’élection de Cognac qui forme la partie du bas angoumois à s’unir avec elle.

 

Cette réunion et peut-être celle du haut angoumois serait avantageuse à ces trois petites

 

provinces trop faibles prises séparément pour former un pays d’états et fournir aux frais de

 

cet établissement, d’ailleurs elles n’ont aucun rapport avec les provinces voisines et il

 

existe entre elles des liaisons intimes.

     

      Les habitants y recueillent les mêmes fruits, ils y font le même commerce et la rivière de   

 

      Charente à donne leurs danrées le même débouché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                              Douzième page

 

 

25          Les députés de tous les ordres lors des Etats Généraux sont suppliés de jetter un

 

coup d’œil rapide et sur, sur toutes les parties de l’administration, de solliciter que toutes

 

les dépenses inutiles ou plus à charge qu’avantageuses à l’Etat soient supprimées, les

 

pentions éteintes ou diminuées, que celles qui doivent subsister soient irrévocablement

 

déterminées. Que les besoins des Etats soient fixés à leur juste cotité et répartis sur les

 

provinces dont seront formés les différents états provinciaux en proportion de leur étendue

 

de la nature de leur sol, de leur produit, de leur population, et de leurs ressources. Qu’il

 

soit pris à l’avenir les plus justes précautions pour éviter la déprédation des finances et les

 

malheurs de l’Etat et qu’il ne puisse être levé aucun autre impôt à l’avenir, n’y enregistré

 

aucune loi, sans le consentement des Etats généraux.

 

 

26          Dans la manière de répartir les impôts, la plus juste, la plus douce, serait peut-être le

 

paiement en nature et cette perception en deviendrait d’autant moins onéreuse aux peuples

 

si l’on supprimait les dimes ecclésiastiques et que l’on fixa d’une manière uniforme les

 

pentions des curés qui se paieraient sur l’impôt en nature.

 

 

27          Cependant les seigneurs pour leurs rentes et leurs lots et ventes, les négociants, les

 

capitalistes, et les artisans des villes qu’y seraient sans propriétés foncières paieraient un

 

impôt particulier ainsi que tous les propriétaires sur les maisons qu’ils auraient dans les

 

villes affin d’établir l’égalité entre tous les citoyens et de les faire tous contribuer en

 

proportion de leurs revenus aux charges  publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                        Treizième page

 

 

28          Il est cependant des circonstances ou cette égalité d’impôt ne doit pas être observée,

 

on doit au contraire intervertir cette règle d’ailleurs si juste pour extirper un luxe ruineux

 

qui a presque gagné toutes les conditions.

 

Il serait donc convenable de mettre un impôt considérable sur les voitures particulières, les

 

laquais, les femmes de chambre, sur le fars qui détruit la Beauté et sur tous ceux qui se

 

permettent de porter deux montres, de taxer aussi les hommes dont les femmes en portent

 

deux. Et de doubler ces impôts sur les bourgeois en particulier du Tiers Etat pour les

 

corriger d’une vanité ridicule, les forcer à ne pas sortir de leur condition et les rendre plus

 

économes.

 

Suivant toujours le même principe, il serait avantageux en général de mettre des impôts

 

très forts sur tous les objets de modes et de luxe.

 

 

29          Le jeu est une fureur qui pers les jeunes gens et qui réduit à la mendicité les enfants

 

malheureux dont les pères ont cette funeste passion. Il serait intéressant de mettre encore

 

de très gros impôts sur les cartes et sur toutes les personnes qui tiennent des billards ou

 

autres jeux, leurs maisons sont le refuge des libertins et des fénéans.

 

 

30          Au surplus l’assiette des impôts sera soumise aux Etats provinciaux. Ce sera à ceux

 

qui composeront ces Etats à les répartir de la manière la plus juste, la plus prudente, et la

 

moins couteuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                   Quatorzième page

 

31          Les députés aux Etats Généraux sont suppliés de demander encore au roy :

 

1° L’abolition des lettres de cachet, contraires à la liberté des hommes et presque toujours

 

surprises à la religion du souverain.

 

2° La liberté de la presse.

 

3° L’abrogation des lois pennalles qui dans des temps moins heureux ont été données

 

contre les protestants. Ce sont des citoyens utiles. Ils méritent comme les autres citoyens

 

de jouir paisiblement de leurs propriétés. Tous les Français contribuant en proportion de

 

leurs facultés aux charges de l’Etat , la liberté individuelle de chaque Français étant

 

assurée, la patrie ne sera plus un vain nom. Elle sera chère à tous les cœurs. Nous bénirons

 

à jamais le monarque bienfaisant qui aura voulu notre bonheur et le ministre immortel qui

 

l’aura conseillé.

 

 

Telles sont les doléances, plaintes et représentations que les habitants de la dite paroisse

 

de Segonzac font pour être insérés dans le cahier de celles qui seront jointes dans

 

l’assemblée qui se tiendra en la ville d’Angoulême.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                       Quinzième page

 

 

Fait et arrêté en pleine assemblée tenue au bourg dudit Segonzac au lieu ordinaire et

 

présidée par nous Jean de Jarnac, notaire royal, juge, sénéchal de justice de la Nérolle &

 

des Courades dépendante de la dite paroisse et habitants - ? – ce jourd’huy huit mars mil

 

sept cent quatre vingt neuf et vus les dits habitants signé avec nous et notre greffier

 

ordinnaire des dittes juridictions de la Nérolle et des Courades à l’exception de ceux quy

 

ne - ? -  faire de ce - ?-  & à le présent - ? -  été lû, cotté et paraphé par première et

 

dernière page et paraphé - ? – par nous notaire et juge susdit, aprouvé deux mots

 

interlignés et deux autres grattés et rétablis pour valloir.

 

 

(S’en suit une série de signatures)     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seizième et dernière page

 

 

(une série de signatures)

 

J.Jeannaud          L - ? -          J. Dejarnac        - ? –

 

J - ? – Guérin            Billouez             B - ? -

 

J.Guérin                 Doublet             Jean Guerien

 

Bourguoin               Rochefils          Perraud                   

                                                                       Boutillier

Jean Dhouet               Laurand              moreaud

 

Bruneaud           Binassit                     Ballot

 

Jean Gadras            Louis Goury          J. - ? - Ménard

 

P. Dejarnac           Pierre Normandiey        Blenaud

 

L.Fleurant             Thibault              - ?- Segain         Guy Dejarnac

 

Herraud          pierre Masson                  -? –

 

jean rousseau           J.Jeannaud                     J.Mallet

                                                                  P.Gadras

- ?-                 pierre Seguin                 Barbeaux

 

Herraud                   jean De jarnac

 

P.Sabouraud          - ? -            Rondeau jeune 

 

P.Mocquet     Jean Masson          Bernard          jean Texier

M Rondeau                          Barbaud

                                   - ?-

Dumon                       Joubert

 

                              Jeremy Jeanlis

Dumon                Desfontaines             - ?-

G.Texier

 

 

                                                                        Dejarnac notaire royal juge sénéchal

                                                                                       des justices de Nérolle et des Courades

                                                                        Dumon   greffier des justices de la Nérolle et des 

                                                                                       Courades

 

Paraphé - ?- le présent cahier à Segonzac ce huit mars mil sept cent quatre vingt neuf.

Dejarnac notaire royal et juge susdit.